LA SAISON 1 DE GRAND-ART
offre de lancement à 39€ au lieu de 49€
Le coffret GRAND-ART SAISON 1 (7 dvd) est enfin disponible en streaming sur notre site :
soit épisode par épisode, sans aucun bonus;
soit en entier (les 7 épisodes) avec tous les bonus, sauf la captation du spectacle TOUTE L'HISTOIRE DE LA PEINTURE (uniquement disponible sur la version physique du coffret).
Ce pack donnant accès à 27 bonus inédits ou introuvables, il cumule environ 8h de vidéo au total.
Les bonus ne sont pas accessibles à l'unité.
J’ai réuni dans ce coffret les 7 premiers films de ma série GRAND-ART, que j’orthographiais à l’époque GRAND’ART. Au delà de la poignée d’artistes — de Giorgione à Titien, Ingres et Lucian Freud, concernés par cette première saison (2007-2010), chacun de ces sept films explore respectivement des questions plus générales, ou plus pointues, de l’esthétique picturale : 1) le triomphe d’un peintre sur lui-même, pour reprendre l’heureuse expression de Julien Battesti ; 2) la difformité anatomique — quand elle est à la fois gracieuse et monstrueuse ; 3) l’art du portrait — et l’espace clos qu’il donne à voir ; 4) les débuts flamboyants de Titien, 1513-1523, après qu’il eut échappé à l’influence de Giorgione ; 5) les arguments esthétiques d’une attribution controversée, dans le cas du Concert champêtre que j’attribue à Giorgione et que le Louvre attribue désormais à Titien ; 6) la combinatoire des couleurs d’un tableau, la notion de lumière vénitienne et les premières apparitions du desquamato ; 7) enfin, la lutte de pouvoir entre le peintre et son modèle, avant ma conclusion comparant certaines œuvres phares de cette première saison.
Mais il sera aussi question d’une quarantaine d’autres artistes dans les 26 compléments de programme, introuvables ou inédits, réunis ici sous le nom pas très joli de bonus.
D’abord avec mes 7 chroniques de NULLE PART AILLEURS (2001-02), dans lequelles je m’efforçais de parler sans ironie de la grandeur des descentes de croix, juste avant ou après les Guignols de l’info. Avec mes 8 chroniques du CHOC DES CULTURES (2002-03), l’émission de France-3 animée par Anne Sinclair, où l’on me voit avec les quinze kilos de moins que j’avais perdu suite à un déboire amoureux.
J’ai aussi ajouté le making-of, associé au filmage direct, d’un choix de quelques tournages — sur les 800 que j’ai faits depuis 20 ans : celui au KHM de Vienne en novembre 2007, du Louvre en septembre 2009 et de Londres en janvier 2015 — qui intéresseront les amateurs de propos improvisés pendant mon travail, et de détails encore jamais utilisés. Attention, l’humeur potache et le filmage saccadé rendent ces rushes particulièrement pénibles à suivre, mais ils constituent néanmoins la partie la plus riche de ces bonus — j’y retourne souvent quand je veux revoir un tableau de fond en comble.
Hector Obalk, 3 nov 2019
Hector Obalk est un grand artiste. Il est juif par sa mère et catholique par la peinture. Non pas que la religion règle sa conduite ; il aurait plutôt tendance à blasphémer les saints noms (Warhol, par exemple). Mais son impiété a des limites et c’est, à sa manière, une vie consacrée qu’il mène : aux carafes, aux corbeilles de fruits, aux fuites en Égypte, bref, au grand art.
Ses goûts ont fait de lui un voyageur. Que ce soit à Madrid en été ou à Dublin en plein mois de décembre, il fait toujours assez chaud pour lui donner soif de peinture ; et Obalk est un ogre de la soif : sa première revue d’art, ne l’avait-il pas appelée L’eau? Comme cet élément, avec un peu de patience, il sait entrer partout.
Il lui faut quelquefois plus d’un an pour obtenir les autorisations d’une pinacothèque ou d’un collectionneur privé (comme dans Ingres Portraits). Une fois sur les lieux, pendant que son équipe installe caméra et lumières, Obalk observe, considère, examine, scrute, fixe, regarde, contemple, voit. Ayant vu, il se rapproche puis s’éloigne comme pour prendre son élan. Car pénétrer à l’intérieur d’un musée est une chose, une autre est d’entrer dans le tableau.
Il y parvient grâce à une agilité syntaxique qui, couplée à la précision mélodique du montage, donne à ses descriptions leur caractère irréfragable. L’érotisme difforme d’Ingres, le triomphe de Lucian Freud sur lui-même, le match Giorgione - Titien : bien des discours sur l’art paraîtront muséifiés auprès de ce gai savoir filmé. Si Obalk est un bon guide, c’est parce qu’il se guide lui-même sans trop se soucier de nous qui l’entendons répondre à ses propres devinettes. À l’affût des surprises et des renversements de la matière — tableaux à l’intérieur des tableaux, peintres à l’intérieur des peintres — Obalk guide son œil et nous les écoutons parler comme s’ils étaient seuls au monde.
Un grand philosophe allemand aimait soumettre à son auditoire l’énigme suivante: un arbre qui tombe sur une île déserte fait-il du bruit? Bien qu’il ne jure que par la philosophie anglaise, Hector Obalk a réalisé Grand’Art sous l’influence d’une question similaire : les chefs-d’oeuvre sont-ils beaux si personne ne les regarde ?
« Oui, bien sûr, Titien est un génie » répondent les cultivés. C’est précisément contre ce genre de phrases que le critique travaille. Il ne veut pas que l’on sache par avance, par principe, que les tableaux d’Ingres et de Giorgione sont magnifiques avant de les avoir regardés attentivement, avant de les avoir aimés dans le détail, et dans le détail des détails. Obalk joue la lenteur sensuelle contre l’admiration réflexe, l’humour contre le patrimoine, l’ébullition contre l’érudition. Il joue, oui, et il gagne.
J.B.